historique: année 2013


 

les événements marquants de l'année 2013

Quand je regarde les clichés des trois années allant de 2013 à 2015, je considère que l'aspect général de ma ville, malgré l'augmentation continue de sa surface, l'acquisition de milliers de nouvelles pièces et l'exécution de centaines d'heures de travail, n'évolua pas de façon significative ce qui, je l’avoue, ne manque pas de m’étonner. Sans doute est-ce dû au fait qu’il n’y eut pas de transformations suffisamment marquantes au cours de ces années. Pour revenir à l’année 2013, je poursuivis, au cours des premier mois, les travaux de réfection et de consolidation des gratte-ciels existants. Nombreux d'entre eux, puisque je ne voulais pas gaspiller les briques dont je disposais, étaient creux, donc très fragiles et s'écroulaient dès la moindre secousse sismique. Pour pallier cette grave insuffisance, j'entrepris de les consolider en les remplissant des briques de couleur vives dont j'avais débarrassé ma ville les deux années précédentes et dont je n'avais plus besoin. Bien que cette opération me prît beaucoup de temps, elle n'apparaît aucunement sur les photographies puisque les façades restèrent généralement inchangées. La meilleure surprise de l’année fut l’arrivée de toits triangulaires vert kaki pouvant couvrir une surface d’un tenon et ressemblant, posés sur le côté, à des portions de Vache qui rit. C’est d’ailleurs l’appellation qui leur est communément donnée en Allemagne (ce sont les fameux «Käseecken»). Ces petits toits triangulaires se révélèrent impeccables pour couvrir les surfaces d'un tenon, très présentes dans les immeubles aux nombreux retraits ou décrochements du centre-ville. Leur couleur assez claire, rappelant le cuivre oxydé, convenait en outre parfaitement aux édifices inspirés de l'architecture art-déco des années trente dont, à la Nouvelle-Yorque, la tour Empire, la tour Chrysler, le centre Rockefeller et les imposantes bâtisses bordant le parc municipal, comme les résidences Eldorado, San Rémo et Majestic fournissent d’excellents exemples. Ces pièces me permirent de me débarrasser d'un très grand nombre de minidalles translucides rouges qui me sortaient de plus en plus par les yeux et dont je disais, pour tenter de justifier leur présence, qu'il s'agissait de panneaux photovoltaïques. Par contre, en raison du léger arrondi de leurs bords, ces toits triangulaires s'avérèrent moins convaincants dès qu'il fut question de couvrir des surfaces plus importantes. Je m'en servis, par exemple, pour les toitures en dents de scie d'une usine mais le résultat ne répondit pas à mes attentes.

Mon inclination pour les gratte-ciels staliniens ne faiblissant pas, je pris la décision, alors que ma ville en dénombrait déjà huit exemplaires, d’en construire quatre autres: l’hôtel Capitale, le ministère de l’éducation, le Conseil d’état et l’université que je fis culminer à 240 mètres. La taille de mes différents immeubles a toujours été pour moi un sujet de préoccupation car je déteste que les rapports de grandeur entre les différentes parties d’un tout ne soient pas raisonnablement respectés. Cette obsession remonte à longtemps puisque je ne supportais pas, enfant, que mes camarades de jeu mélangeassent les petits modèles avec les grands quand nous voulions jouer aux voitures miniatures. Un tel écart vis-à-vis de la vraisemblance me semblait impardonnable et gâchait tout simplement mon plaisir. De la même manière, j’avais été très déçu par un cadeau qu’on m’avait fait. Il s’agissait d’un autobus londonien qui, bien qu’il fût de la même marque que mes autres voitures miniatures, était, du simple fait qu’il avait la même taille qu’une berline familiale, complètement disproportionné. Cela dit, il existe aussi, dans le monde réel, des immeubles qui semblent ne pas avoir été bâtis à la même échelle que les constructions environnantes et dont les disproportions sont particulièrement disgracieuses. Les exemples sont légions et je n’en citerai que quelques-uns. Il y a, à la Mecque, le titanesque gratte-ciel de la Maison de Dieu (on imagine, rien qu’au nom, comme on doit s’y fendre la poire), dont le cadran de l’horloge mesure à lui seul 42 mètres de diamètre, soit l’équivalent d’un immeuble de quinze étages. Je m’étonne d’ailleurs qu’un état bigot, qui, pour des raisons religieuses absconses à mes yeux, ne connaît de cesse qu’il n’ait opprimé une grande partie de ses sujets, des femmes aux homosexuels en passant par les laïcs, les athées et les libertins, ait toléré que soit construit ce monstre qui écrase et pulvérise de sa laideur étalée sur dix hectares de surface et six cents mètres de hauteur le lieu le plus sacré de toute une civilisation le rendant, en comparaison, ridiculement minuscule pour ne pas dire inexistant. Il y a aussi, parmi les constructions disproportionnées, des barres d’immeuble démesurément longues, comme celle de Corviane, dans la banlieue de Rome, qui mesure 990 mètres, celle d’Oliwa, dans la banlieue de Dantzig, qui mesure 810 mètres ou celles de Prora, sur l’île de Rügen en Allemagne, qui font chacune (elles sont au nombre de cinq) 500 mètres de long et dont la décrépitude avancée accentue la brutalité. Je n’oublierai pas non plus les usines, les marchés de gros, les galeries commerçantes et les bazars qui peuvent couvrir des surfaces allant jusqu’à 50 hectares, comme le marché de Kharkov qui s’étire sur plus d’un kilomètre, surfaces qui nécessiteraient à elles seules quatre plaques de base, soit le quart de la superficie de mon centre-ville, si je voulais les reproduire à mon échelle. Inutile de dire que ces constructions surdimensionnées sont définitivement exclues de ma cité bien-aimée. En fait, j’aurais plutôt tendance, pour que ma ville semble plus étendue qu’elle ne l’est vraiment, à réduire artificiellement la longueur de certains de mes bâtiments. Ce procédé n’a d’ailleurs rien d’original et fut maintes fois employé au cours des âges. L’Arc de Triomphe à Paris, par exemple, fut bâti au sommet d’une butte artificielle et, pour le grandir encore, les immeubles qui vinrent l’entourer ne furent dotés que de quatre étages. De la même manière, mes barres d’habitation n’excèdent pas les 12 tenons, soit une centaine de mètres, ce qui est assez peu quand on sait, par exemple, que les immeubles de la ville de Sarcelles, dans la banlieue de Paris, mesurent de 60 à 280 mètres. À force de réfléchir aux mensurations optimales que devraient avoir mes immeubles, je pris l’habitude, lors de mes longues promenades en ville, de convertir mentalement en légos les bâtiments les plus intéressants. Ainsi, mon immeuble préféré, sur l’avenue Karl Marx, aurait-il, selon mes calculs, une longueur de trente tenons, alors que son équivalent à Microville n’en mesure que vingt, et une élévation de quatre briques dans sa partie la plus haute, ce qui, en revanche, correspond à la taille de son cadet microvillien. Ce petit jeu, qui est très simple pour les immeubles d’habitation constitués d’étages facilement dénombrables devient plus difficile quand il s’agit de monuments historiques ou de grands équipements. Qui, par exemple, pourrait dire, à vue de nez, combien mesurent, à Paris, l’Arc de triomphe, les tours de la cathédrale Notre-Dame, le dôme de l’hôtel des Invalides, les cheminées de la centrale thermique de Vitry ou les pylônes du Stade de France? Pour en revenir à mes gratte-ciels staliniens, lassé de me fier à ma seule intuition pour les construire, je finis par consulter l’encyclopédie et découvris, ô surprise, qu’à force de tâtonnements, j’en étais arrivé aux mêmes proportions que les originaux, ce qui ne manqua pas de me remplir de fierté. Ainsi, mon université a-t-elle exactement la même taille, soit 240 mètres, que son homologue moscovite.

Voici donc, après qu’elle fut actualisée par mes soins, la liste mondiale des plus hauts gratte-ciels de style néoclassique stalinien (les immeubles en vert se trouvent à Microville).

université Lomonossov – Moscou: 240 mètres

université – 2013/17/19: 240 mètres

palais de la Culture – Varsovie: 235 mètres

hôtel des Expositions – 2019: 220 mètres

Télévision nationale – 2010/18: 215 mètres

ministère des finances – 2012/17: 215 mètres

préfecture de police – 2010/18: 205 mètres

hôtel Ukraine – Moscou: 200 mètres

Conseil d’état – 2013/18: 195 mètres

ministère de l’intérieur – 2014: 195 mètres

Archives nationales – 2011/18: 185 mètres

ministère de l’économie – 2016/18: 185 mètres

hôtel Capitale – 2013/19: 185 mètres

ministère des transports – 2014/18: 180 mètres

résidence Kotelnitch – Moscou: 175 mètres

ministère de l’extérieur – Moscou:  170 mètres

Académie des beaux-arts – 2015: 165 mètres

ministère de l’éducation – 2013/18: 165 mètres

Académie des sciences – 2011: 165 mètres

ministère du plan – 2015: 165 mètres

Grand-Hôtel – 2011/18: 165 mètres

résidence Koudrine – Moscou: 160 mètres

hôtel de ville – 2011/18: 160 mètres

Cour des comptes – 2012: 155 mètres

ministère de l’industrie – Moscou: 135 mètres

Académie des Sciences – Riga: 110 mètres

Maison de la Presse – Bucarest: 105 mètres

L’apposition d’une seconde date à la première signifie que le gratte-ciel a été rebâti. Les nombreuses reconstructions dont bénéficièrent mes gratte-ciels staliniens s’expliquent par le fait qu’ils ressemblaient tous à l’hôtel Ukraine à Moscou et que, finissant par vouloir leur apporter un peu plus de variété, je reconstruisis une grande partie d’entre eux à partir de 2017. Je précise aussi que je ne compte pas l’antenne dans mes données chiffrées. Cette petite précision me rappelle le nombre incalculable de fois où l’on me souligna, à Berlin, que la tour de la télévision était plus grande que la tour Eiffel. Faut-il que le complexe d’infériorité (qui bien-sûr évolue toujours avec son contraire, celui de supériorité) soit profondément ancré pour en arriver à retenir puis à ressortir ce genre de données. N’ayant jamais souhaité vexer mes interlocuteurs et ne ressentant qu’une profonde indifférence à ce genre de considération bêtement chauvine, je me suis toujours retenu de rétorquer, que sans son antenne, la tour de télévision perdrait un tiers de sa hauteur et n’arriverait même pas aux épaules de sa rivale, ce qui, je le répète, ne constituerait pas un déshonneur pour autant.

Je me rendis compte que mes groupes scolaires n’étaient pas équipés de gymnases et pris la décision, puisque je disposais de suffisamment d’espace dans leur immédiate proximité, de leur adjoindre cet équipement supplémentaire à chacun.

Je construisis aussi, sur le modèle de celles qui existaient en RDA, une dizaine de polycliniques qui sont en fait de vastes maisons médicales regroupant toutes les spécialités et offrant une large gamme de traitements ambulatoires. Je finis, au cours des années suivantes, par les supprimer parce qu’elles ne me plaisaient plus mais je songe, aujourd’hui, à les réintroduire sous une autre forme qu’il me reste à définir. Actuellement les maisons médicales font partie des centres multiservices qui émergèrent en 2017 et qui regroupent, comme leur nom l’indique, toute une série de services comme je l’expliquerai ultérieurement.      

Je construisis, le long des voies de la ligne C du métro, mon second centre commercial, qui, comparé aux géants des pays du Golfe, est un nain malgré ses 350 mètres de longueur. Il est directement desservi par la station de métro Essor et ses toits ajourés de quatre longues verrières permettent à la lumière naturelle de pénétrer dans les différentes galeries.

Enfin, je construisis, grâce à la cinquantaine de toits pentus que je me procurai par hasard chez un brocanteur de mon quartier, mon premier monument historique: le Palais royal, qui, puisque cela faisait des lustres que la révolution avait renversé le dernier monarque, accueillit un musée dédié aux architectures baroque et classique.

 

dimensions et réalisations en 2013

dimensions: 30 plaques soit 4,3 m²

réalisations:

- construction d’une nouvelle zone résidentielle au sud de la ville

- construction de l’hôtel Capitale, du ministère de l’éducation, de l’université, du Conseil d’état,

  du Palais royal et du centre commercial n°2

- construction d'une trentaine de gratte-ciels

- consolidation et réfection de nombreux gratte-ciels

- construction de barres d'habitation d'une dizaine d'étages (BH1)

- construction d'une dizaine de polycliniques

- adjonction de gymnases à toutes les écoles

- réfection des toitures de tous les édifices aux nombreux retraits

 

constructions préférées en 2013

médaille d'or: Palais royal

médaille d'argent: centre commercial n°2

médaille de bronze: barres d'habitation de type BH1

 

acquisition de nouvelles pièces en 2013

(en dehors des briques les plus traditionnelles)

- toits triangulaires vert kaki (1x1x0,4)

Grâce à ces pièces, je pus enfin me débarrasser d'un très grand nombre de ces petites dalles translucides rouges que je détestais et dont je disais, pour me consoler, qu'il s'agissait de panneaux photovoltaïques. Ces petits toits triangulaires se révélèrent impeccables pour couvrir les surfaces d'un tenon, très présentes dans les immeubles aux nombreux retraits ou décrochements du centre-ville. Leur couleur, rappelant le cuivre oxydé, convenait en outre parfaitement aux édifices inspirés de l'architecture art-déco des années trente. Par contre, en raison du léger arrondi de leurs bords, ces pièces s'avérèrent moins convaincantes dès qu'il fut question de couvrir des surfaces plus importantes. Je m'en servis, par exemple, pour les toitures en dents de scie d'une usine mais le résultat ne répondit pas à mes attentes.

- dalles translucides bleues (1x2x0,3)

Toujours à la recherche de petites dalles pour mes toitures, je crus que ces pièces pourraient convenir et m'en servis pour couvrir l'hôpital. Le résultat ne fut pas à la hauteur de mes espérances et je munis l'hôpital, dès l'année suivante, d'une nouvelle toiture. Je regrette aujourd'hui de ne pas m'être procuré davantage de ces dalles translucides bleues puisqu'elles conviennent parfaitement au revêtement des façades de gratte-ciel. Ne sachant alors rien du mode multidirectionnel, je n'imaginais pas qu'il serait possible d'apposer des pièces sur une surface verticale et avais considéré que ces dalles ne me serviraient à rien.  

- toits rouges (2x4x0,5 et 2x2x0,5)

Je n'en disposais que d'un nombre très limité et les employais uniquement pour réaliser le faitage de mes gares. Étant parvenu, en 2013, à m'en procurer une cinquantaine, j'entrepris de construire le Palais royal, aux façades blanches et aux toits de tuiles rouges.